Aumônier des étudiant-e-s, je me vois face à un challenge que je tente de relever chaque jour. En prenant ce poste, je ne m’attendais pas à devoir faire face au tabou des religions. Dès le début, je suis consciente que le sujet des religions est sensible. Mais je m’interroge. Pourquoi les gens refusent-ils d’en parler ?
Au départ, je m’indignais du manque de volonté que les gens ont à parler des religions. Je ne comprenais pas pourquoi j’étais mal reçue, ni pourquoi la discussion tournait toujours court. Comment ne pas parler de ces sujets incroyablement intéressants ?
Petit à petit, j’ai compris. Il y a deux types de personnes : celles qui vivent leur spiritualité individuellement, et celles qui ne connaissent pas bien les religions.
La spiritualité individuelle
Comme j’ai pu le constater depuis quelques temps maintenant, la religion n’est plus communautaire, comme c’était le cas à l’époque. Nous vivons dans une société de consommation et individualiste. La religion, pour ceux qui la pratiquent encore, est quelque chose de privé. La laïcité dans les lieux publiques a-t-elle mené les croyants à cacher leur pratique religieuse ? L’invisibilisation des croyances religieuses est-elle due à l’évolution de la société dans laquelle nous vivons ?
Nous évoluons dans une société où l’argent délimite un statut social. Cela met les gens en concurrence les uns avec les autres. Selon moi, nous ne devons pas être définis par notre emploi ou notre salaire, mais par nos valeurs. Je suis une adepte de l’expression « L’habit ne fait pas le moine ». En effet, je suis convaincue que les valeurs fondent la personne et que le partage de celles-ci est bien plus important que le salaire gagné. Apprendre à connaître l’autre, comprendre ses valeurs et ses croyances permet de mettre de côté la peur de l’inconnu et d’accepter que l’autre est un humain comme nous.
Une mauvaise connaissance des religions
Cette idée me mène au deuxième groupe de personnes qui ne parlent pas des religieux. En rencontrant certains jeunes, j’ai compris qu’une grande partie ne connaissait pas bien les religions. Comme mentionné ci-dessus, selon moi, le manque de connaissances apporte la peur. On dit « la peur de l’inconnu ». C’est ainsi que je le ressens. Concrètement, on a peur de l’image que l’on se fait de cette religion, non pas de ce qu’elle est réellement et de sa pratique. Si les textes et coutumes des différentes religions étaient mieux connues, nous nous rendrions compte qu’elles ne sont pas si différentes les unes des autres. Les valeurs portées par ces croyances vont toutes dans la même direction : l’amour de son prochain.
Par mon travail d’aumônier, mes activités et mes postes sur les réseaux sociaux, j’essaie de montrer aux jeunes de l’université que les religions sont toutes très intéressantes. Finalement, en s’y intéressant, on peut vite s’en rendre compte.